Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
cinebdo
cinebdo
Publicité
Archives
1 septembre 2012

The Expendables 2 : unité spéciale

Expendables 2: unité spéciale

 

Film américain de Simon West
avec Sylvester Stallone, Jason Statham
Sortie le 22 août 2012


Le genre : private joke international 

 

Cette semaine, en cette fin d'été, nous allons nous lâcher un peu et nous faire plaisir, en osant le film d'action bourrin et musclé comme on en fait plus. Le concept ? On réunit tous les  mythiques acteurs du genre des années 80 et 90 dans une invraisemblable compilation de baston sans queue ni tête. Et le pire, c'est que c'est vraiment fun. Séquence nostalgie.

 

On est au Népal, dans une base militaire. Un type est ligoté sur une chaise, menotté, bâillonné. Ses bourreaux l'entourent, et un d'entre eux commence à le tabasser. « Tu vas parler ? » menace-il, ses instruments de torture à portée de main. Mais non, l'homme ne bronchera mot. Pendant ce temps, une équipe de sauvetage débarque de nulle part et commence à attaquer la base militaire. Un groupe de justiciers surarmés, des soldats d'élite qui croient en l'Amérique et dans les forces du mal, menés par le désabusé Barney Ross, joué par Stallone. La mission de sauvetage, à bord de camions blindés, se met alors à mitrailler et à défoncer tout sur son passage, descendant les soldats ennemis en rafales. Mais soudain, les protagonistes sont bloqués par un hélicoptère. Facile, pour Stallone : il fait démarrer une moto pour qu'elle prenne son élan sur une rampe salutaire, pour qu'elle vienne s'encastrer sur le cockpit. Puis ils défoncent les murs de la prison pour libérer les prisonniers.

 

Voyons ! Est-ce la scène d'ouverture du nouveau Rambo ? Non ! Car peu après, on découvre que l'homme ligoté est en fait Trent, joué par un certain Arnold Schwarzenegger. Comment ? Les deux plus grandes icônes du cinéma d'action des années 80 et par ailleurs rivaux à l'époque, jouent ensemble dans un film ? « Plutôt embarassant, n'est-ce pas ? » commente Schwarzy, à peine affecté par sa séquestration. Bienvenue dans le monde surréaliste mais pas moins dangereux des Expendables !

 


Bon, les gars, comme d'hab', on tire d'abord, les questions après.

 

Alors l'enjeu du reste du film, il est à la fois simple et un peu confus : rattraper une armée de gros méchants mené par Vilain (sic!), joué par Jean-Claude Van Damme, et pour les empêcher de faire péter la planète avec 5 kilogrammes de plutonium, les massacrer. De plus, ça tombe bien, Stallone a bien envie d'en découdre après qu'un de leurs compagnons ait été cruellement assassiné par Vilain sous leurs yeux à tous. Sans détailler cette intrigue ultrasimpliste, dont on ne comprend rien sur la nature des méchants (Communistes ? Terroristes ? Simples crapules ?), retenons pour se donner une idée la réponse de Stallone dans un magnifique travelling vers son visage après la question d'un de ses compagnons sur le plan à adopter : « Les traquer, les trouver, les tuer ! ».

 

Allons-y donc tout de go : l'histoire est nanardesque à point, la mise en scène est caricaturale, les dialogues, du grand n'importe quoi. D'ailleurs, rien que le titre et son style, avec ses flingues et ses couteaux, sont risibles. Les critiques ne s'y sont pas trompées : « Film de série B bruyant » pour le Nouvel observateur, « un manque d'ambition » pour Télérama, « parfaitement vain » pour les Inrockuptibles.

 

Oui, voir ça fait vraiment peur... 

 

Certes. Et alors ? Quelle importance, puisque Stallone, sur sa route parsemée de cadavres, rencontrera et recevra l'aide de plusieurs compagnons, plus ou moins amis, plus ou moins solitaires, pour grossir les rangs de l'équipe des Expendables et constituer la « Team ultime », le Graal du cinéma d'action. Démarrant avec une équipe d'acteurs plus récents (Jason Statham, Dolph Lundgren... à l'exception de Jet Li, qui disparaît mystérieusement en cours de route), peu à peu d'autres fantasmes sur pattes vont apparaître, dont Bruce Willis, Jean-Claude Van Damme, Arnold Schwarzenegger et Chuck Norris. Chacun aura le droit a une scène spéciale et des références spécifiques. C'est pourquoi ce film, dans lequel tout est volontairement sacrifié au service d'un casting vieillissant mais pas moins devenu mythique, est avant tout un hommage à un genre, une époque, une certaine conception du film d'action. Tout en force brute et sans artifices de synthèse, rejetant de ce fait les tricheurs de Marvel, Stallone, évoquant le film, ose même une certaine forme de militantisme : « Ces types nous renvoient à une époque où les héros populaires étaient des personnages de chair et d’os. Ils n’avaient pas d’autre talent que celui de vouloir survivre et sortir victorieux, même s’ils devaient y laisser la vie. C’est quelque chose qui nous parle à tous. (...) Ils ne jouent pas aux super-héros avec leurs super-pouvoirs ». Voilà donc le sens profond !

 

Quand j'étais à Hanoï, en 1969...

 

Mais ce qui est vraiment amusant dans cet Expendable 2, c'est la distance critique, absente ou trop implicite dans le premier épisode, assez lourdingue par ailleurs, et qui pouvait faire croire qu'il s'agissait d'un film qui se prend au sérieux. En réalité, il ne faudrait surtout pas penser cela : les Expendables, c'est avant-tout les vieux briscards du film d'action qui nous font un baroude d'honneur plein d'autodérision avant de retourner vaquer à leurs occupations de retraités. Chuck Norris, qui est devenu pour on ne sait quelle x raison un véritable Dieu sur Terre grâce aux « Chuck Norris facts », l'un des mèm ayant le plus de succès sur Internet, ne souhaitait pas, à la base, rejouer dans un film d'action, du haut de ses 72 ans (!). Mais la scène de son apparition, dans le film, l'a peut-être convaincu, car elle est absolument à mourir de rire, lorsqu'il sauve le groupe d'une situation désespérée, poursuivi par des soldats innombrables et un char d'assaut. Autre référence, un peu insistante d'ailleurs dans le film : Schwarzy aura eu l'occasion de sortir son légendaire « I'll be back ! » de Terminator. Seul Stallone semble avoir du mal à prendre de la distance avec son personnage de Rambo, peut-être parce que c'est lui le chef dans cette production et qu'il doit garder une image de sérieux.

 

Tout le long du film, on se laisse porter par la rencontre avec des villageoises, par l'exploration des tunnels où sont entreposés les conteneurs d'uranium, par les plans du groupe... dans l'attente fébrile et impatiente de la scène finale, dans laquelle (inutile de la cacher, puisqu'elle apparaît dans la bande-annonce) on sait, ou du moins on devine, que Schwarzy, Stallone, Willis et tous les autres seront réunis pour une scène de massacre à l'ancienne. Mission accomplie : nous avons le droit à une baston délirante et un duel à main nues entre Ross et Vilain des plus classiques. Ce qui fera dire à Schwarzy peut-être la réplique la plus intelligente du film, lorsqu'un des compagnons dira que l'avion du groupe est bon pour le musée. « Tout comme nous » répond-t-il laconiquement.

 

Alerte : vieilles star échappées de la maison de retraite... 

 

Un petit mot sur le méchant du film, Vilain, assez nullissime par ailleurs. Outre le fait que, paraît-il, il soit végétarien et qu'il soit devenu méchant parce que sa maman a tué sa poule quand il était petit (cf l'interview de Jean-Claude Van Damme dans les Inrocks, qui nous l'explique très sérieusement!), il semble être Français. Je me permets juste cette remarque, car il est dit aussi que la copine de Billy The Kid, l'un des membres du groupe, est Française, et qui apparaît même dans une scène spéciale à Paris. Eh oui, encore cette ambivalence du cinéma américain vis-à-vis de notre pays de l'amour et du fromage qui pue, et qui mériterait à elle seule un article entier.

 

Bon au final, j'ai été bien en peine de noter ce film, donc je ne l'ai pas fais. Sur bien des aspects que j'ai souligné, nous avons affaire à un nanar intégral, mais le film est voulu ainsi et nous offre des scènes d'action d'un autre âge mais absolument jouissives.  Mais après tout, a t-on réellement affaire à un film ? Car ces personnages, ces acteurs mythiques, ont été construits avant tout par leur public. Les Expendables aura aussi pour fonction de bourriner violemment le compteur du box-office, avec l'objectif moins avouable de rétribuer toutes les années pendant lesquelles ces acteurs sont devenues des icônes dépassant largement leurs œuvres. D'où ma conclusion, aussi simple que brutale :

 

If you see the Expendables, you are not watching Chuck Norris, but Chuck Norris is watching you !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité