Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
cinebdo
cinebdo
Publicité
Archives
24 juillet 2012

Tchernobyl diaries

affiche

Film américain de Bradley Parker
sortie le 11 juillet 2012
avec Devin Kelley, Jonathan Sadowski, Ingrid Bolso Berdal

Le genre : Nucléaire ? Non, au secours !

La note : 8

Un groupe de touristes américains, un environnement sombre, hostile et sans issue, des monstres lâchés dans la nature, l'abandon par la civilisation... la recette du huis-clos où les personnages sont massacrés les uns après les autres est toujours la même depuis Dix petits nègres d'Agatha Christie. La transposition de cette recette dans le paysage irradié et supposé abandonné de Tchernobyl n'est donc pas en soi une révolution. C'en est cependant pas moins une réussite.

 

Ah, Tchernobyl ! Le nom même de cette centrale et de cette catastrophe du 26 avril 1986 a une résonance toute particulière sur notre inconscient collectif, tant elle a marquée les esprits, à la fois symbole des défaillances du vacillant monde soviétique sous Gorbatchev, des dangers nouveaux et globaux liés à l'ère atomique et d'une source d'énergie controversée. Le nucléaire, pour ses partisans, fait relativement peu de morts par rapport à d'autres risques bien identifiés (voiture, tabac), mais le caractère spectaculaire des accidents et ses manifestations invisibles (radioactivité, maladies) en font un danger intangible qui est source de toute sorte de fantasmes. Pour ses opposants, l'incontrolabilité de la technologie dans certaines circonstances extrêmes fait dire qu'il ne vaut sans doute pas le coup de jouer à cette roulette russe. Quoi qu'il en soit, le nucléaire fait PEUR.

 

C'est donc tout naturellement que le cinéma d'épouvante est à même de s'emparer du thème. Tchernobyl diaries nous plonge au coeur de la ville fantôme des ouvriers de Tchernobyl, Pripiat, évacuée précipitamment à cause du niveau des radiations au moment de la catastrophe. L'idée avait déjà été exploitée dans le jeu sur PC STALKER : Shadow of Tchernobyl, jeu de tir à la première personne dans lequel il fallait affronter des zombies/irradiés, éviter les zones trop radioactives et les gardes ukrainiens. C'est pourquoi le film, qu'il ait été influencé ou non, m'a rappelé cette atmosphère oppressante si particulière.

pripiar

Population : 0

 

Alors, pour parler un petit peu de ce film tout de même, produit par Oren Peli, réalisateur de Paranormal Activity, - que je n'ai pas encore vu hélas -, je dirais que j'ai eu l'impression que le film était divisé en deux parties. La première partie s'apparente véritablement à un documentaire. On suit la démarche d'un petit groupe de touristes américains en route vers Moscou, dans leur soudain désir de faire du tourisme de l'extrême à Pripiat via une agence spécialisée. Paul parvient à convaincre son petit-frère Chris et leurs deux amies de participer à une expédition avec le guide Yuri. Dès lors, ils partent avec lui et un autre couple dans une camionnette bringuebalante en écoutant les explications du guide, qui cherche à les rassurer sur les dangers de la radioactivité et les informe des détails de autre chemin et aboutissent au centre-ville de Pripiat, livrée à la faune et à la flore locale. Ces passages dans les bâtiments de l'ère soviétique m'ont paru saisissants de réalisme (renforcés par une caméra sur l'épaule pas trop gênante, procédé que je n'approuve pas trop d'habitude) et c'est presque avec dépit que j'ai appris que le film a été tourné en partie à Belgrade (Pripiat aurait cependant été probablement trop dangereux...). Ici, une voix-off ne m'aurait pratiquement pas étonné. L'ambiance est glauque, le danger, invisible mais omniprésent, néanmoins surveillé par les crépitements d'un compteur Geiger. Jusqu'ici tout va bien : les touristes sont nerveux mais la plupart s'amusent, sont joyeux, prennent des photos, sont curieux. Néanmoins, des trucs clochent, Yuri le sent. La caméra attire l'attention sur de mystérieuses ondes de la rivière. Un drôle de cadavre de chien. Une ombre étrange sur une photo. Et avec ça, une musique angoissante qui ne présage rien de bon. Pas de surprise donc, les choses vont mal tourner.

roue

Bienvenue à Pripiat, musée de l'ère soviétique...

 

Le film bascule dans l'horreur lorsque, affolés par un ours qui a manqué de les heurter dans un couloir d'immeuble, ils se précipitent dans le truck. Mais impossible de démarrer : les fils du démarreur ont été semble-t-il « grignotés » par quelque bête. La situation s'aggrave : pas de réponse par talkie-walkie, la nuit qui tombe, des hurlements de loup qui se font entendre. Yuri, qui se trouve être un ancien militaire à la retraite, sort son flingue. Ambiance. A partir de ce moment, l'angoisse du spectateur change de nature et monte naturellement en intensité : la radioactivité, qui était le principal sujet de préoccupation jusqu'ici, devient secondaire pour laisser place au danger que représente les probables créatures dégénérées sur le point de les attaquer. Très vite, les malheureux compagnons d'infortune perdent leur principal atout avec la disparition de Yuri après une imprudente sortie. Chris, accouru à son secours, est atrocement blessé et intransportable. Le groupe est contraint de demeurer dans le truck et de tenir face aux attaques des loups...

Je ne vais pas détailler la suite, faite d'une succession réellement effrayante de disparitions et de tentatives de sauvetage des compagnons enlevés, de disputes entre la petite bande pour se décider à se rendre directement au check-point quitte à se diviser, ou à demeurer sur place pour tenter de secourir les premières victimes. On se demande d'ailleurs comment les compagnons trouvent à chaque fois le cran pour s'introduire dans telle ou telle tanière du loup (souvent des bâtiments...) pour récupérer une arme ou un camarade dans la détresse dont les cris déchirent la nuit. « Mauvaise idée ! » nous disons-nous tremblants et fébriles dans notre siège, et effectivement quoi qu'ils fassent, l'idée est mauvaise. Les effets de caméra sont souvent les mêmes pour nous procurer un maximum d'effroi : l'image cadrée sur les protagonistes pour nous limiter le champ de vision, nous dévoile soudainement mais discrètement un ennemi (souvent une ombre à ce moment) que ceux-ci n'ont pas encore vus. Soudain, ils s'en aperçoivent, y font face, cherchent à interagir avec cet ennemi toujours impassible, soit en tentant de communiquer, soit en tentant de l'agresser avant de s'enfuir. Troisième phase de l'horreur : cet ennemi dévoilé ne faisait en réalité que cacher le véritable danger qui se manifeste soudainement. A plusieurs reprises, nos amis se « font avoir ». Comme si la ville semblait se jouer d'eux. Le groupe se réduit de cette façon petit à petit et finit par être acculé dans des souterrains qui les conduit directement... au réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl.

r_acteur

Tiii tit tit !

 

La fin constitue peut-être une petite déception de mon point de vu : la seule survivante est arrêtée par les militaires qui viennent d'abattre son compagnon devant ses yeux, qu'ils ont pris pour un de ces « zombie de Pripiat ». Très fortement irradiée et traumatisée, elle est transportée par un groupe de médecins sur un civière à l'intérieur de couloirs qui ne paient pas de mine. L'idée était très bonne à la base, et je pense qu'à ce moment l'aspect documentaire du film aurait pu reprendre. L'équipe du film aurait pu imaginer filmer la décontamination de la jeune femme car à mon avis il serait tout à fait possible de rendre cela très effrayant bien que crédible. Mais rien de cela. Des sous-titres se contentent de traduire de l'Ukrainien les paroles du « médecin », qui affirme qu'elle en a trop vu et qu'elle ne devra jamais partir de l'endroit. Finalement, elle est enfermée dans une cellule misérable, et le film se termine sur l'image de cette femme sur laquelle se précipite les dizaines d'autres « zombis » de la cellule, avant de passer au générique de fin sur fond de hard rock.

Cette fin fait donc partie des bémols de ce film, qui est d'ailleurs en partie attendue : à un certain point du film, je me suis dit, en partie aussi pour relativiser mon effroi – qui était réel ! - que le désarroi était tel qu'il n'y avait pas d'autres alternatives à la mort de tous les compagnons de l'équipe. C'est effectivement ce qui se produit : l'effet de surprise de ce film est tout de même assez limité et son issue attendue. En même temps, quelle autre fin aurait été possible ? A partir des informations que l'on apprend, on en déduit qu'une partie de la population de Pripiat n'a jamais été évacuée, mais irradiée et recluse dans des prisons dont ils se sont récemment échappés. Les militaires tentent de maîtriser cette population dans le plus grand secret quand débarque ce groupe de touristes gênants. C'est en tout cas l'hypothèse que j'élabore.

 

Ces théories complotistes montrent que l'on en apprend peut-être un peu trop : les propos du médecin n'étaient, encore une fois, pas utiles à mon sens. On en voit trop aussi, comme l'apparence de ces zombis qu'on aurait mieux fait de laisser dissimulés sous des capuchons noirs afin de conserver un maximum de mystère sur ces irradiés. Une autre idée aurait pu être creusée davantage : la division des compagnons. Bien qu'ils se disputent parfois de façon virulente, jamais l'unité du groupe n'est vraiment remise en cause : j'ai bien un moment cru qu'ils finiraient par s'étriper entre eux lorsque l'un d'entre eux braqua l'autre de son pistolet, mais non. Les ressentiments entre personnages sont tout de même existants, mais pas au point d'un film de référence comme par exemple Alien, marqué par la trahison du personnage de Ash.

 

Mais bref, heureusement la force du film est ailleurs, dans la mise en scène, dans la manière de filmer, dans ce fil conducteur de l'angoisse qui nous conduit dans l'enfer radioactif de Pripiat. Je me suis aperçu que au fil des jours, j'y ai repensé et j'ai de plus en plus apprécié ce film qui m'avait dans un premier temps « agressé ». Restons-en sur une image, une scène, qui m'a marqué : épuisés, nos touristes font une pause et se chamaillent, lorsqu'ils pointent la lampe vers... une petite fille qui se tient à quelques mètres de là, debout, silencieuse, qui les dévisage, seule dans le noir. On le distingue mal dans le film, mais son visage est en réalité dissimulé par un masque comme le montrent certaines affiches du film. Silhouette semble-t-il irréelle, avec qui ils tenteront pourtant de communiquer. Mais à cet instant précis, l'une des touristes, restée assise près de marches d'escalier, est soudainement enlevée par une silhouette sombre arrivée discrètement par derrière. Car ce n'était qu'une diversion. Dans sa panique, le personnage qui tient la torche trouve quand même le temps de braquer celle-ci de nouveau vers la fille le temps d'une fraction de seconde : elle a disparu.

 

Véritablement, de tout ce film, c'est cette scène qui me restera, tant par sa mise en scène que pour son symbole : le film atteint d'autant plus une horreur absolue qu'il en résume la réalité de cette catastrophe : le visage de la vie et l'innocence de milliers de gens et de lieux en Europe de l'Est a à jamais été défiguré par le mal invisible qui s'est échappé du réacteur numéro 4 de Tchernobyl.

 

 

chernobyl_diaries_artwork
A quand Fukushima diaries ?

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Hello, <br /> <br /> Ah, pas encore vu. Je dois m'y mettre je pense. Merci pour ce partage.
Publicité