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23 juillet 2012

Blanche-Neige et le Chasseur

Autre grand succès de ce printemps, Blanche-Neige qui casse la baraque avec cette superproduction guerrière et émancipée. Une bonne surprise...

Blanche_Neige_et_le_Chasseur_Affiche_France_375x500
Film américain de Rupert Sanders
Sortie le 13 juin 2012
avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron

Le genre : Jeanne d'Arc vs Bathory

La note : 7/10

 

J'ai été voir la nouvelle adaptation du célèbre conte de Grimm, ce que je n'avais pas prévu à la base. En effet, je craignais de voir un autre massacre du style de Alice au pays des merveilles revisité par Burton, à la fantaisie aseptisée par des tonnes d'effets spéciaux, de numérique et de 3D et à l'histoire réduite à un affrontement entre le bien et le mal. Force est de constater que si on n'y a pas totalement coupé de ce point de vu là, mon ressenti est autre en sortant de cette nouvelle adaptation de Rupert Sanders.

 

Tout d'abord, commençons par dire que Blanche-Neige version 2012, n'est pas la "jeune fille parfaite et pure" de Disney. La demoiselle a toujours les lèvres pulpeuses et rouges, mais elle troque tablier, robe jaune et corset bleu pour armure, brassière et épée. Finie la bonne ménagère acculée aux tâches domestiques et aux confections de tarte aux prunes en attendant le retour des nains qu'elle traitait comme des rejetons ! Finie l'innocence ! Désormais Blanche-Neige prend les choses en main, elle fait la guerre et même après avoir croquée dans la pomme empoisonnée de la reine (pomme toujours aussi rouge par ailleurs...), elle est en mesure de littéralement choisir l'homme qui la sortira de son coma. En effet, le Prince Charmant, pas si charmant d'ailleurs, tente bien l'expérience, sans succès. Finalement, c'est le chasseur qui parvient à réveiller la belle, personnage-clé surprise de cette nouvelle réécriture. Le premier baiser d'amour, c'est si je veux, quand je veux.

Pour la méchante reine Ravenna, puisqu'il paraît qu'elle s'appelle comme ça, même chose : elle est un véritable tyran dans un monde d'hommes, aussi capable de les faire succomber sous son charme que de briser leur coeur d'un geste de la main. Finn, son propre frère, est contraint de s'écraser à chaque fois sous son influence terrible. Avec ce film matriarcal, on assiste donc à une vraie révolution dans le monde des contes de fées et à une complète inversion des rôles : voilà pour les féministes.

 

Blanche_neige_et_le_chasseur_1

Oula... Nous sommes bien dans un conte de fées ?

 

Deuxième remarque, dans ce nouveau Blanche-Neige, l'histoire n'est pas réduite à une dispute familiale, avec une marâtre qui contraint l'héroïne à la fuite et recueillie par une bande de nains sympathiques en attendant son prince charmant sur son beau destrier. Ici, le monde entier est entraîné dans un conflit presque universel entre les démons et l'humanité. Le prince charmant est un chef de guerre impatient et agressif, quand le chasseur est un ivrogne désabusé tourmenté par son passé. Plus qu'une icône, Blanche-Neige est devenue l'objet d'enjeux politiques et stratégiques considérables : son passage dans un village peuplé de femmes qui se tailladent le visage pour éviter d'être capturées par la reine, cause la destruction de ce même village à cause de la répression de l'armée de Finn. L'issue de la rencontre de Blanche-Neige avec les nains provoque un engagement total et inconditionnel de leur part dans la guerre, quitte à y sacrifier leur vie : un d'entre eux passera l'arme à gauche. Blanche-Neige 2012, c'est une dose de Seigneur des Anneaux, avec ses nains, fées, géant, ses marches dans des paysages grandioses et ses batailles épiques, mais avec la dimension supplémentaire d'un affrontement entre Jeanne d'Arc et la Comptesse Bathory, celle qui avait la réputation de se baigner dans le sang de jeunes filles pour rester jeune et belle.Voilà pour le désenchentement.

 chasseur

Hmf. N'aie confiance qu'en ma hache.

 

Car là où réside véritablement l'intérêt et la force du film, c'est ce personnage de la reine, magnifiquement interprété par la fascinante Charlize Theron (décidément, je l'aime), complexe et complexée. Bien consciente que la source de son pouvoir est sa beauté, elle ne peut se résoudre à y renoncer et met tout en oeuvre pour tuer Blanche-Neige. J'ai trouvé une idée intéressante introduite dans cette version : bien que l'on soit plongé dans un monde de magie et de sortilèges (et même bien plus que chez Disney), plusieurs éléments laissent à penser que le démon dans le Miroir Magique n'est en fait que le fruit du propre délire de la reine. De plus, on en profite à certains moments pour faire un peu le point et reconstituer l'histoire de ce personnage : plus jeune, sa maman lui a mis en tête que sa beauté était tout ce qui pouvait la sauver. La future reine a ensuite été violemment séparée de sa famille qui a été probablement été massacrée. Prisonnière mais avide de vengeance, seuls ses charmes lui ont permis de s'en sortir dans ce monde de brutes. La méchante de cette histoire est au fond bien à plaidre, car son enfance n'a pas été drôle. Ni celle de Blanche-Neige d'ailleurs. Voilà pour la psychologie.

 

reine

 Oui, Charlize, punis-moi...

 

On apprend également quelques éléments supplémentaires sur les origines de Blanche- Neige, sa mère fragile devenue enceinte après avoir vue une rose rouge en plein hiver (tout un symbole...), son père tenté puis assassiné par Ravenna, l'identité du chasseur, etc. Quelques références subtiles également à l'oeuvre de Disney, à travers un arbre, une réplique, un pont, et le château surtout, assez ressemblant. La comparaison en reste là.

 

Bref, l'intérêt du film, je pense, s'arrête là. Malgré ses charmes, la nouvelle Blanche-Neige ne nous enchantera pas pour toujours. Tout en restant correcte, Kristen Stewart ne m'a pas particulièrement transcendé dans le rôle de Blanche-Neige. Chris Hemsworth est plutôt bon dans le rôle du Chasseur, mais mesuré car cantonné au second rôle, eh oui. Le reste est un film fantastique assez classique qui évite la plupart des écueils, avec son lot d'effets spéciaux, utilisés cependant avec parcimonie, sans gêne ni outrance. Certains éléments laissent pourtant un peu perplexes. Comme ce géant qui sort de nulle part. Ces guerriers de l'ombre qui se désagrègent en petits morceaux de métal noir lorsqu'on les tue. Ou encore cette charge finale à cheval complètement chaotique et improvisée, sans armes de siège, contre un château hyper fortifié, l'issue de la bataille dépendant des nains et de leur plan d'infiltration très aléatoire. Des faiblesses comme celles-ci existent, mais heureusement ne sont pas trop prégnantes, puisque ce qui compte dans ce film c'est cette atmosphère lourde, arbitraire, sombre, et tourmentée, imposée tout le long du film par cette reine névrosée. Elle est belle et terrible lorsqu'elle s'énerve ou prend ses bains de lait, mais fait vraiment peine à voir lorsqu'elle chagrine de voir son corps vieillir et faiblir, contrainte de voler la beauté d'innombrabres jeunes filles dont les cadavres parsèment le parterre de la salle au Miroir Magique où elle ne cesse de gesticuler et de tourner en rond. Tout autour de cette idée, de la mise en scène et de cette atmosphère si particulière, l'Univers de ce nouveau Blanche-Neige, en rupture radicale avec le style de Disney, est néanmoins artistiquement très beau.

 

A voir donc, mais sans danger d'ensorcellement.

 

chateau

Le charge suicidaire contre le chateau nous offre un beau spectacle.

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Commentaires
C
Hello, <br /> <br /> Essayes cette version et dis moi ce que tu en penses : http://www.megavod.fr/la-fantastique-histoire-de-blanche-neige/
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