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18 juillet 2012

Promotheus

Allez, on commence fort avec Prometheus, prequel d'Alien, 33 ans après l'opus du feu de Dieu de 1979...

 

First_Poster_For_Ridley_Scott_Prometheus_1323901445

 

Sortie le 30 mai 2012
film américain de Ridley Scott
avec Michael Fassbender, Charlize Theron, Noomi Rapace

Le genre : hologramme d’alien 

La note : 7+

 

Enfin ! Un nouvel Alien ! Certains films mauvais sont bons parce qu’ils sont des préquels ou des suites. La menace fantôme de Lucas par exemple, si décrié comme bancal et raté, reste un super film parce que c’est StarWars. C’est la même chose pour Alien et ses suites, ses films contre le Predator, et désormais son préquel… mais à l'inverse, certaines suites et certains préquels peuvent être remarquables. Prometheus, que Ridley Scott n’assume d’ailleurs pas totalement comme faisant partie de la franchise (et c’est bien le problème) se situe un peu entre les deux. Certains moments d’anthologie sont proprement jouissifs, mais on ne va pas jusqu’à l’orgasme. Analyse.

  

Vaisseau abandonné sur planète déserte, Facehugger qui vous saute à la figure et vous ressort par le ventre, robot mielleux et crémeux, petite culotte à la Ripley… Tout y est, ou presque. Qu’on se le dise d’emblée pour se mettre d’accord, Promotheus, c’est Alien. Et c’est justement parce que l’on ne pourra jamais dire que Alien, c’est Promotheus, que je vais commencer par jeter directement le scénario aux orties.

 

La scène d’ouverture du film est un survol de paysages torturés, tortueux, terrifiants, ternes. On se dit pourquoi pas, après tout c’est une bonne idée pour nous mettre dans une ambiance délicieusement aliénante. Puis on arrive au niveau d’une énorme chute d’eau (que j’ai eu la surprise de reconnaître pour y avoir été, puisqu’il s’agit en réalité du Dettifoss en Islande). Là un type très musclé, au teint de vampire, yeux globuleux et sans pupille, l’air vraiment louche, s’approche du gouffre et absorbe une substance noire. On voit alors celle-ci pénétrer jusqu’à son ADN et commencer à le dissoudre. L’instant d’après, voilà que notre mystérieux homme-saumon se désagrège tout entier, cependant qu’une soucoupe volante survole les lieux. Kesako ? A ce moment, je me demande si je ne me suis pas trompé de film. Mais non, Prometheus s’affiche. A noter que je n’ai toujours rien compris à cette scène.

Passons à la scène suivante : un paysage assez semblable, fait de tas de cailloux, situé en Ecosse, année 2089. Un couple d’archéologues, armé d’une lampe de poche triple faisceau (vive le progrès) et d’un grattoir, fait la découverte du millénaire en tombant sur une vieille fresque préhistorique représentant des coordonnées galactiques. Cette découverte sera à l'origine d'une expédition pour découvrir les origines de l'humanité. Hmm ? Où a-t-on déjà vu ça, déjà, et surtout combien de fois ? Eh oui, régulièrement dans le film, on nous repassera les plats du célèbre thème réchauffé et fumeux sur les origines. A ce stade du film, on se dit qu’avec ça et l’homme-saumon, la menace du nanar devient très, très sérieuse.

 ridley-scott-prometheus-set-image

Ridley : 33 ans et un bide plus tard

 

Heureusement, tout de suite après, nous passons à la vision du vaisseau Promotheus, quatre ans plus tard, évoluant dans l’espace, et bientôt en orbite autour de la mythique planète LV-223, celle-là même que Ripley avait exploré avec ses compères dans le premier opus. Shaw et Holloway, le couple d'archéologue, sont aussi du voyage, en congélation. La caméra se promène dans le vaisseau spatial, suivant les activités de David, le Bishop version 2012. Le décor du vaisseau, la planète, et de manière générale de très nombreux éléments visuels tout au long du film, rappellent le premier épisode d’Alien, si ce ne sont pas les mêmes, mais actualisés, lissés, modernisés, images de synthètisés, 3Disés. Il est d’ailleurs curieux de constater que les technologies de cet opus semblent plus en pointe que dans le premier volet d’alien, alors que dans l’histoire c’est le contraire, puisqu’il est clairement indiqué que le procédé de congélation est très risqué et peut-être mortel dans Promotheus alors que la question ne se pose pas dans les Alien. Mais passons.

Désormais, on ne peut plus faire un pas dans un vaisseau type Nostromo (le même vaisseau que le Prometheus) sans tomber sur un hologramme, écran ou quelque programme intelligent. Cette mise à jour visuelle est tantôt réussie, tantôt moins. Dans le premier opus, souvenons-nous que les éléments rétro-futuristes (même vieillis aujourd’hui) contribuaient à alourdir l’ambiance et à peser sur les personnages. Ils s’intégraient donc parfaitement dans la trame. Dans Prometheus, c’est variable. Les premières scènes du Prometheus, de ce point de vu, sont vraiment réussies. Pensons notamment au Briefing, pendant lequel apparaît l’hologramme de Weyland, l’industriel qui a financé l’expédition pour satisfaire à ses questions métaphysiques de vieil homme. Weyland indique pendant l’enregistrement qu’en réalité il s’agit d’un message post-mortem pour leur donner des instructions. Cette scène m’a beaucoup plût pour cet aspect, puisqu’il reprend directement une référence de la science-fiction : dans Fondation d’Isaac Azimov, Hari Seldon, inventeur de la psychohistoire, s’adresse à ses successeurs par hologrammes pour les guider à travers les siècles, ayant prédit quels seraient les enjeux des époques à venir. Il est vraiment à regretter que cette idée de messages post-mortem holographiques (puisqu’il fallait absolument qu’il y ait des hologrammes… j’y reviendrai) n’ait pas été davantage exploitée. D’autres messages de Weyland auraient pu ponctuer l’intrigue et par exemple, coup de théâtre final, leur annoncer qu’ils étaient remerciés pour leurs découvertes mais tous sacrifiés pour le bien de l’organisation, ou que sait-je ? Mais au lieu de cela... grande déception, Weyland est dans la réalité bel et bien vivant, comme on le verra plus tard.

Bref, oui, revenons à nos hologrammes. Le huis-clos est posé, avec les 14 membres d’équipage qui sont sortis du sommeil artificiel et commencent leur mission. Descente sur la planète puis exploration de la planète, et en particulier de la curieuse structure en forme de dôme qui referme en fait, inutile de faire de suspense, le fameux vaisseau alien. De toute cette exploration, il en ressort de longues scènes d’aller-retours, d’exploration de couloirs, de relevés d’échantillons bizarres, de tempêtes, de visualisation d’hologrammes secrets du vaisseau, de reconstitution du vaisseau par hologramme… bref, tout cela n’est pas mauvais, mais tout ce long développement est laborieux, et à force de mobiliser tout ce barda technologique, au lieu de se fondre dans une ambiance de plus en plus pesante qu'elle devrait renforcer, on finit à force par parasiter celle-ci.

 

Heureusement, pendant ce temps dans le vaisseau, la croisière s’amuse. Autant le dire, avec 14 membres d’équipage, on a pas le temps de découvrir chacun autant qu'on le voudrait avant qu’ils ne meurent, mais certains sont tout de même mis en valeur. Pensons notamment à Vickers, incarnée par Charlize Theron. L'archétype de la grande blonde, svelte, glaciale, fatale, sûre d'elle et à la sexualité troublante manquait certainement à la série Alien. La voici, ce fantasme sur patte ! D'autant que la belle flirte avec un autre personnage haut en couleur, le capitaine du vaisseau, noir, simple, franc et extraverti, bref son exact opposé. Dans une scène dans laquelle elle méprise son goût pour les accordéons, il lui réplique que si elle "veut baiser, dites que vous voulez baiser". Elle répond hautainement, avant de le planter sur place, que si elle avait voulu des hommes, elle serait restée sur Terre. L'autre se lève alors et lui lance "Etes-vous un robot ?", ce à quoi elle répond "Ma chambre, dans dix minutes".

Idée excitante à souhait, vraiment, mais là encore, qui n'est pas été exploitée plus à fond. Vers la fin du film, ces deux personnages qui s'étaient liés par circonstance, connaissent des divergences sur la marche à suivre et ce désaccord aurait pu (aurait dû) prendre une place beaucoup plus centrale dans l'intrigue.

 

Vickers

Pas l'air commode, celle-là...

 

Mais allons. Tout cela n'est que détails, je dirais presque. Venons-en maintenant au point essentiel de cette critique : Alien, dans Prometheus, c'est quoi ? Dans cette histoire, on nous raconte que l'humanité a pour ancêtre en réalité les hommes-saumons, plus exactement nommés les - hm -, Architectes (j'attends vraiment le remake turc du film...). Ceux-ci ont décidé soudainement et à un moment donné, pour on ne sait quelle x raison, de revenir sur leur travail et d'exterminer la race humaine sur Terre après l'avoir créé des milliers d'années plus tôt. Heureusement, Alien s'en était mêlé et avait massacré tout le monde (bizarre de se dire qu'Alien a sauvé l'humanité). Ou du moins la version d'alien de l'époque, c'est-à-dire un espèce de vers qui se promène dans les eaux stagnantes du vaisseau, et qui ressemble à s'y méprendre à celui des égoûts de l'Etoile Noire dans Star Wars ! Parallèlement à cela, si j'ai bien compris car j'ai trouvé cette histoire bien confuse, il y a une sorte de virus très puissant, servant d'arme de destruction massive aux hommes-saumons destinée à détruire l'humanité. Le Bishop collection printemps/été 2012 en récupère, et le testant sur Holloway, le transforme en une sorte de zombie dont il faudra s'y reprendre à plusieurs fois au lance-flamme, pistolet et véhicule pour le dézinguer. Alien serait, au final, un croisement des deux. Dans cet opus,  Alien est diminué et encore en cours d'ébauche.

 

Cependant, il y a une scène, qui, à elle seule, sauve le film : l'archéologue Shaw, petite amie de Holloway qu'elle vient de voir se consumer sous ses yeux avec le lance-flamme de Vickers (bonjour l'ambiance à bord !), se réveille dans une salle médicalisée. Sous l'auscultation de Bishop 2012, celui-ci lui apprend qu'elle est enceinte de trois mois. Grand étonnement pour elle, censée être stérile. David Bishop, qui n'arrête pas les coups en douce dans ce film, refuse cependant de lui montrer l'image et lui suggère d'aller en capsule d'hibernation. Dans un instant de panique, sentant bien que "quelque chose" dans son ventre essaie d'en sortir, elle se précipite dans la capsule médicalisée de Vickers et demande une césarienne d'urgence. Dans ses moments là, Noomi Rapace, l'interprête de Shaw, ressemble à s'y méprendre à Sigourney Weawer, c'est vraiment frappant. La machine, dont la voix pourrait rappeler celle de "maman" dans le premier opus, lui annonce que la machine est destinée aux hommes... Curieux, mais pas le temps de réfléchir à cela, car l'alien s'agite et déjà la peau du ventre se soulève sous sa pression. Elle se fait opérer alors pour lésion interne en anesthésie locale du ventre, sous les yeux ébahis du spectateur. Cette scène, effrayante, abominable et d'un suspense insoutenable, est digne des grandes heures d'alien et m'a vraiment impressionné. Enfin, juste à temps, après pas mal d'éclaboussures de sang et de tripes, l'alien est extrait à l'aide d'une pince et une machine suture la plaie de Shaw, mais l'alien, lui, continue de se débattre et d'essayer de sauter sur elle. A la fin de l'opération, elle se précipite à terre (en soutien-gorge et petite culotte bien-sûr, couverte de son propre sang) et s'enfuit dans le couloir.

 

shaw11

Non, non, ce n'est pas un accouchement.

 

Et là, surprise, elle tombe sur... Weyland. Mais bon sang, que fait-il là celui-là ? J'avais déjà dit que sa résurrection était préjudiciable. En réalité, elle est catastrophique : alors que l'on croyait véritablement rentrer dans l'horreur du film, voilà que l'on se désintéresse soudainement de l'alien pour écouter les états-d'âme du vieux mourant. En effet, alien ou pas alien, lui tient absolument à rencontrer les hommes-saumons pour obtenir le secret de l'immortalité, et entraîne toute sa petite troupe (Shaw compris !) à l'intérieur du vaisseau des hommes-saumons. Parvenus dans la mystérieuse salle de pilotage visible dans le premier alien, ils sortent de l'hibernation un de ces types... qui se met à attaquer tout le monde et tue Weyland d'un coup de poing dans la tête. Enfin ! me dis-je, dans ce fouilli une chose est bonne : le vieux est mort, mais le mal est fait, car le syndrome nanar est de retour. Il est d'ailleurs d'autant plus bizarre de penser que les explorateurs du premier opus passent à quelques mètres des restes du cadavre de Weyland sans le voir. Mais bref. Pour bien faire les choses, Bishop est décapité (décidément ça semble être le lot des robots dans Alien...).

Notre homme-saumon, qui s'est mis en tête de terminer sa mission (à savoir détruiiire la Terre !), démarre le vaisseau, qui commence à décoller. L'enjeu de cette fin de film est alors de l'arrêter, ce qui nécessitera rien de moins qu'une mission-suicide du Prometheus. Comment ces braves pilotes ont pu se conditionner psychologiquement aussi rapidement à une telle idée sur la simple foi des affirmations de Shaw, mystère, et de toute façon sans grand intérêt, puisque l'essentiel est que le vaisseau alien se crashe et que presque tout le monde meure dans la manoeuvre. Seule subsiste Shaw, qui se réfugie dans la capsule de Vickers où elle tombe à nouveau nez-à-nez avec l'alien... qui n'est en fait à ce moment qu'une espèce de "Chose venue d'un autre monde" tentaculaire. Sans crier gare et sans savoir pourquoi, voilà que débarque encore un homme-saumon, qui se fait bouffer tout cru dans l'opération... Là encore, ces scènes avaient un bon potentiel, inexploité. Je pense notamment à l'écran mural de la capsule, qui diffuse des images d'une fillette jouant du violon, ce qui détonne franchement de l'ambiance angoissante du moment... de même, quel plaisir de retrouver des vieux comptes à rebours ! Mais une fois de plus, ça va trop vite, pas le temps d'en profiter.

 

Shaw s'enfuit, mais sur la suggestion du Bishop démembré, elle part avec lui avec un autre vaisseau des hommes-saumons (car il y en a apparemment plusieurs sur la planète). Je crois que cette relation trouble et ambiguë avec le robot est le dernier aspect intéressant du film que je soulignerai : celui-ci s'est tout de même servi de son petit ami comme spécimen en le contaminant avec le virus qui l'a transformé en zombi, mais il a malgré tout suffisamment d'humanité pour sauver Shaw et accepter la nouvelle mission qu'elle lui propose, au lieu de rentrer sur Terre.

 

La dernière vision que l'on a de ce film est franchement navrante. Il s'agit de la naissance d'alien, croisement du vers d'égoût et de l'homme-saumon... en ressort une espèce d'ébauche d'alien hurlant, qui certes a la gueule de l'emploi, mais encore incomplet, et plutôt ridicule. J'ai entendu rire dans la salle. Et là, c'est scandaleux : Alien fait peur, angoisse, au moins impose le respect, mais ne doit pas faire rire !

 

jeune alien

Bref. 

 

Bon, pour résumer ce film... je suis ressorti de la salle de cinéma malgré tout frémissant et vibrant de plaisir comme il se doit après un bon alien... oui, franchement, les quelques scènes d'anthologie que j'ai cité m'ont vraiment marqué et c'est un vrai bonheur que Ridley Scott se soit attelé à la tâche plus de 30 ans après le premier opus !

Mais d'un autre côté, on ne peut pas s'empêcher de se dire, que la plupart du temps, à peine stimulé, le fan sera toujours frustré dans son élan d'une façon ou d'une autre ! Ces bons moments seront occulté par une tempête, un hologramme, l'état d'âme d'un vieillard ou les tribulations d'un homme-saumon. Voilà comment dire : un fan en quête de l'ambiance des origines doit absolument le voir et le trouvera par intermittence génial ; quelqu'un d'autre trouvera le film simplement divertissant. Dommage, d'autant que, je l'ai dit, les idées ne manquaient pas. La grande blondasse caractérielle et sa capsule médicale pour hommes, les messages post-mortems, le nouveau Bishop... mais comment dire ? Je vais peut-être paraître nostalgique, mais dans ce film, on n'a jamais le temps d'avoir peur, d'avoir de suspense, on frémit mais on ne nous laisse pas le temps d'avoir une crise cardiaque ! Est-ce un mal de l'époque ? Toujours est-il que Scott s'est dispersé avec son histoire médiocre d'homme-saumon. On n'a pas le temps de voir les tensions psychologiques entre les personnages, qui existent et sont esquissées, mais pas suffisamment.

Prometheus s'appuie à la légende et à la mythologie d'Alien comme Wayland s'appuie sur son exosquelette pour ne pas s'effondrer, voilà tout. Tout le reste est hélas sans intérêt.

 

 

 

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